DEBOUT GONAIVES

Vos enfants éparpillés, un peu partout, à travers le monde, ont entendu la terrifiante nouvelle .Une épreuve réellement dure pour nous tous : ceux de l’intérieur comme ceux de l’extérieur. Tous, nous sommes encore sous le choc. Nous autres de l’extérieur, nous commençons à nous rassembler, à nous réunir en vue de trouver les meilleures formules de récomfort à vous adresser, et en outre, en vue d’offrir notre participation à la reconstruction de notre ville et des autres localités dévastées. Nous travaillons, sans relache, afin de trouver une cohésion effective, une unité de vue et d’approche qui devra nous permettre de résister aux harcèlements des forces rétrogrades. Votre épreuve, frères et sœurs des Gonaives, a provoqué un sursaut patriotique indescriptible dans toutes les communautés haitiennes de la diaspora ainsi que dans d’autres groupes ethniques. En votre nom, nous souhaitons que toutes ces communautés haitiennes recherchent aussi cette cohésion, cette harmonie qui, plus tard, devra aider notre chère HAITI à prendre effectivement la voie du développement.

Oui, frères et sœurs de l’intérieur, nous avons bien entendu vos gémissements et vos pleures. Votre douleur est partagée.

Oui, nous savons qu’il vous est impossible de réaliser un vrai dénombrement de vos pertes tant en vies humaines , qu’en biens matériels, mais, nous avons la certitude que Gonaives renaitra de ses cendres à cause de sa force morale .Oui, frères et sœurs, nous savons que depuis Ennery en passant par Passe Reine, Debaryè, Mapou Chevalier, Carrefour Lexis, Desronville, Les Dates, Parc Vincent, Ka Solèy et tant d’autres localités, c’est la dévastation totale .Oui, nous sommes bien conscients, que les paysans, en très grande majorité, ont fait les frais de cette catastrophe, à cause de l’irresponsabilité de nos dirigeants. Oui, frères et sœurs des Gonaives, nous sommes bien au courant, des pertes en vies humaines dans les localités de :Gran Savann,l’Etang, Coridon, Pointe des Mangles, et Anse Rouge dans cette même commune. Oui, frères et sœurs, nous compatissons également aux douleurs des Départements du Nord Ouest et du Nord.

Courage ! «  Plenn nan kê « ! Détermination ! Résolution ! Recherche de cohésion et d ‘unité parmi nous tous ! Voici la formule qui nous aidera à sortir définitivement du gouffre, du précipice dans lequel, nos dirigeants ont plongé notre pays.

Quant à vous autres Gonaiviens de l’intérieur, vous savez très que notre ville, notre fière Cité de l’Indépendance, ne peut ni périr, ni disparaître, ni être effacée de la carte d’HAITI .Gonaives, vous le savez mieux que moi est une ville historique, une ville rebelle, une ville qui projette sa lumière aux autres villes, une ville porte drapeau.

Gonaiviens, n’oubliez pas que notre ville, a hébergé Toussaint Louverture (Ka Georges et Ennery ) après avoir guerroyé de l79l à  l802. Gonaiviens, n’oubliez pas que c’est dans notre ville que l’acte de l’indépendance a été signé. Gonaiviens et Haitiens en général, rappelez-vous que l’Empereur Dessalines s’était établi à Marchand, à moins de 30 kms de notre ville. Frères et sœurs, souvenez- vous que les restes de notre Claire Heureuse reposent à l’entrée du cimetière de la ville .Gonaiviens et haitiens, rappelez-vous que quand le général Fabre Nicholas Geffrard avait des différends politiques avec l’Empereur Faustin Soulouque, c’est dans notre ville qu’il se rendit pour rencontrer les révolutionnaires de l’époque et enfin se défaire de Soulouque comme c’était la coutume. Frères et sœurs Gonaiviens et de partout, souvenez-vous bien que les restes de l’Amiral Killick se trouvent encore dans les eaux de la baie des Gonaives.

Frères et Sœurs Gonaiviens , Artibonitiens et Haitiens de partout, Gonaives a toujours été à l’avant garde de tous les grands mouvements révolutionnairesv.Gonaaives est un carrefour que, bon gré mal gré, il faut y passerv.Ainsi, Gonaives ne peut, ni disparaître, ni périr, ni être éliminée de force.

Frères et Sœurs, n’oubliez pas, que quand l’un de nos plus grands penseurs, de nos plus grands intellectuels avait des problêmes , dans sa ville natale

( Cap Haitien ) avec un général inculte, c’est bien notre général Gonaivien Jean Jumeau qui a été le chercher pour le présenter comme citoyen de la ville des Gonaives. Je veux nommer notre grand Anténor Firmin.

Notre histoire combien vivifiante ne s’arrète pas là.Gonaives est toujours à l ‘avant scène. Quand le général Léonidas Truijillo avait organisé les vêpres dominicaines en tuant 20,000 à 30,000 paysans, je dis bien PAYSANS, c’est Maitre Lys Latortue qui personnellement hissa un drapeau noir, à l’entrée de sa maison à la rue Clerveaux, en  signe de protestation contre le président Stenio Vincent et la garde d’Haiti.

Gonaives, frères et sœurs, a toujours contribué à élire nos dirigeants { présidents } mais quand ils se révèlent des dictateurs, des prédateurs, Gonaives a toujours rempli son devoir patriotique en contribuant à les chasser du pouvoir. Ces exemples sont notoirement connus. Maintenant, cette innondation qui apporte tristesse, gémissements, désolation, représente un ferment qui devra faire germer la cohésion,, l’harmonie, l’entente entre nous autres Gonaiviens, d’une part ; entre tous les Artibonitiens , d’autre part ; et enfin, entre tous les Haitiens en général, ceux de l’intérieur du pays comme ceux de la diaspora en vue d’arriver à éliminer cette structure verticale infernale, coriace et sanguinaire de la république de Port-au-Prince.

Que cette catastrophe, que cette épreuve nous permette de bien fixer notre objectif, qu’elle nous donne la force, la clairvoyance nécessaire en vue de livrer la grande bataille sans violence de notre seconde indépendance ; la grande bataille du cerveau équilibré sur les forces rétrogrades qui, depuis 200 ans occupent toutes les avenues du pouvoir de Port-au-Prince.

En avant, frères et sœurs de partout, travaillons énergiquement pour l’établissement d’une structure complètement horizontale du pays òu chaque département aura sa propre administration, c’est-à-dire une administration de proximité.

Courage !, frères et sœurs de toutes les localités endeuillées de notre chère HAITI.

QUE VIVE HAITI .

Chesnel PHANORD

10/12/ 2004