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Election présidentielle, d’Etat pachiman en oasis ? Par Joseph Jean Bouchereau Tél. 509 34 91 85 21 Port-au-Prince, Haïti Le dernier mandat constitutionnel du Président René Préval arrivant à terme, une élection présidentielle est prévue en Haïti le 28 novembre 2010.En lice, dix-neuf candidats pour succéder à celui que des analystes appellent « le boulanger», en raison de son habileté à rouler dans la farine ses opposants les plus coriaces. Exit quelques vieillissantes figures de l’opposition traditionnelle qui s’étaient fait avoir dès le départ pour quelques maroquins. Des analystes évoquent ouvertement leur mort politique. Si tel est le cas, l’histoire, qui condamne ou absout, se chargera de leur bilan. D’autres, plus accommodants, avaient choisi de poser un lapin à leur famille politique pour se mettre au service du grand stratège de la politique haïtienne de ces 25 dernières années. Le temps, qui ne donne pas toujours le temps, même aux mastodontes de la politique, a eu raison du tenace mais impopulaire Leslie Saint-Roc Manigat. L’autre Manigat, Mirlande, poursuivie elle aussi par le temps, n’y serait certainement pas sans l’intervention du temps. Ah ! Si, comme le roi Marsile dans la Chanson de Roland, certains pouvaient arrêter le temps… Dans ces élections, il est quasi certain que les candidats labellisés Lavalas paieront les conséquences de la balkanisation de cette organisation politique. Ils ont oublié l’adage haïtien qui veut que « pise gaye pa kimen » (pierre qui roule n’amasse pas mousse). Quant à Jacques-Edouard Alexis que d’aucuns considéraient comme le dauphin naturel de Préval, s’il survit encore politiquement, il le doit au parti politique MPH fondé par (tenez-vous bien !) l’Américain Samir Mourra. Paradoxal, aurait-on tendance à dire. Non ! Haïti étant Haïti, à l’invraisemblable ou à l’impossible, on est tous tenus ! L’ancien Premier ministre Gérard Latortue avait, bien sûr, donné le ton. Mais qui a su surfer sur cette vague de contre temps pour s’imposer, comme une réelle force de persuasion, sur l’électorat haïtien ? Certainement pas un Charles-Henri Baker du parti Respè, ancien poids lourd du groupe dit des 184 qui avait, entre 2002 et 2004, fallacieusement promis à la population un nouveau contrat social. A en croire «certains sondages», Baker qui avait le vent en poupe en 2006 se fait bizarrement voler la minuscule vedette par Michel Martelly, dit Sweet Micky, un ovni de la politique haïtienne. Quoi dire d’un Jude Célestin, l’ancien patron du CNE adoubé par René Préval après l’humiliation infligée à Alexis ? Sa popularité sans conteste dans le Sud et le Sud-Est semble avoir du plomb dans l’aile au niveau de certains départements. Jamais, depuis la chute de Jean-Claude Duvalier en 1986, les résultats d’une élection présidentielle ne paraissent aussi incertains… Les Haïtiens se préparent donc à élire un président. Bizarrement, force est de constater qu’au pays des mille et un paradoxes, les édifices des institutions nécessaires à l’investiture de ce président, le 7 février 1011, ont été détruits par le séisme du 12 janvier 2010. Il s’agit du parlement pour la prestation de serment et de la basilique Notre-Dame pour le Te Deum. D’eux, il ne reste que les espaces sur lesquels ils ont été érigés. Prieurs excessifs vouant un culte frénétique à leur passé, les Haïtiens intercèderont certainement auprès du Bon Dieu pour ne pas être atteints de la maladie d’alzeimer qui les priverait du souvenir nostalgique de ces édifices. Quant au palais national où devra avoir lieu la cérémonie d’investiture avec force discours patriotiques et nationalistes et, surtout, de nourritures et de champagne luxueux en l’honneur des invités d’ici et d’ailleurs (dmm : diskou, moun, manje, pour répéter un ami), il ne reste en réalité que les décombres sous lesquels vivent rats, chiens, chats, coqs, pintades, paons et autres cafards qui jettent l’anathème sur les sinistrés d’à côté pour avoir spolié les pères de la patrie du minuscule autel où sont reposés leurs restes. Pas de tout repos en définitive. Les voici, les dix-neuf candidats, ces héros cornéliens, ces Blek le Roc ou ces Zembla des temps modernes qui ont promis monts et merveilles à l’électorat :
Tous, ils se disent capables de transformer ce pays pachiman, depuis son indépendance en 1804, en oasis à défaut de paradis, où les Haïtiens d’ici et de la diaspora se la couleront douce. Les fêtes de fin d’années c’est pour bientôt. Et si, oubliant que les promesses n’engagent que ceux qui y croient, les Haïtiens se mettent à rêver de Père Noël ? Motus ! Attendons voir. On dit quand même qu’au commencement était un rêve…
Joseph Jean Bouchereau Tél. 509 34 91 85 21 Port-au-Prince, Haïti Date01-21-2012MERCI
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